
Un nombre record de 5 658 personnes étudiantes franchiront les portes des campus Gabrielle-Roy et Félix-Leclerc du Cégep de l’Outaouais à la rentrée scolaire 2025-2026, dont 2 247 pour la toute première fois! Cette troisième vague consécutive de croissance exerce une pression importante et le Cégep tente par tous les moyens d’accueillir celle-ci sans affecter la qualité des services, ce qui s’avère un défi de taille dans un contexte budgétaire autrement très difficile, exigeant notamment un déficit record de 2,55 M$.
Il s’agit d’une hausse de 6,3 % par rapport à 2024-2025, supérieure aux prévisions gouvernementales (5,45 %), ce qui équivaut à 338 étudiant.e.s de plus sur les campus. Avec près de 1 000 inscriptions à la formation continue et aux services aux entreprises, l’effectif global dépassera les 6 500 étudiant.e.s.
Citation de Steve Brabant, directeur général :
“Malgré nos défis de croissance soutenue, nous étions bien préparés pour cette 3e vague consécutive de croissance. Chaque année, nous repoussons les limites et faisons progresser l’accessibilité, malgré les obstacles, malgré un déficit d’espace qui s’élève maintenant à plus de 3 000 m2. Les demandes augmentent, les admissions bondissent de 6 %; une autre école entière s’ajoute à notre effectif encore cette année.
Toute l’équipe du Cégep est mobilisée pour optimiser l’utilisation des locaux et de toutes nos ressources. Nous parvenons — pour l’instant — à contenir les refus, et même à les faire reculer légèrement dans une majorité de nos programmes, ce qui constitue un exploit, dans les circonstances. L’accessibilité demeure une de nos plus grandes batailles et on arrive à la faire progresser, contre vents et marées, portés par une équipe ingénieuse et engagée envers la mission éducative du seul cégep francophone de l’Outaouais.”
Des refus malgré tout, notamment en santé et services sociaux
Pour certains programmes clés du développement de notre région, les impacts de ces surplus de clientèle sont malheureusement bien réels : en soins infirmiers, 56 % des demandes ont été refusées, soit près de 120 refus. Ceci représente le double de refus par rapport à 2023-2024 2024-2025* et compromet la formation de la relève nécessaire, notamment en vue de l’ouverture prochaine du Centre hospitalier affilié universitaire (CHAU).
Des projets d’agrandissement toujours en attente
Le Cégep a identifié des solutions à moyen et long terme pour absorber la croissance. Cependant, au-delà de 2026-2027, soit après la livraison de la nouvelle aile et le réaménagement des espaces qui se libèreront au campus Gabrielle-Roy l’année prochaine, les marges d’optimisation actuelles seront épuisées et le Cégep atteindra un point de rupture.
Steve Brabant renchérit : “Nous avons mis de l’avant de nombreuses initiatives récemment pour accueillir cette croissance. La location au Centre Slush Puppie, annoncée la semaine dernière est appréciée et fait partie de notre brochette de solutions. Mais, nous avons besoin d’une solution plus substantielle et permanente, notamment l’ajout d’un 4e étage au pavillon Félix-Leclerc, prioritaire dans notre plan de gestion de la croissance. Sans ce projet, nous atteindrons le “bout du rouleau”, alors que les vagues de croissance continueront de déferler jusqu’à la fin de la décennie. L’accessibilité aux études collégiales en Outaouais atteindra inévitablement ses limites, avec des impacts impondérables sur l’exode extra provincial, le niveau de scolarisation, la pénurie de main d’œuvre, le développement socio-économique et la santé de l’Outaouais.”
Un déficit record de 2,55 M$ qui complique les choses
Cette croissance est gérée sous une pression financière sans précédent. Le 10 juin dernier, le conseil d’administration a adopté un budget affichant le plus important déficit de l’histoire du Cégep, s’élevant à 2,55 M$. Conséquence directe des gestes prévus dans le Plan de retour à l’équilibre budgétaire 2029-2030 du Gouvernement du Québec, ce déficit record entraîne une pression supplémentaire sur la capacité d’accueil et les services offerts.
Suite à l’adoption de ce budget déficitaire record, le conseil d’administration du Cégep, ainsi que la direction générale, ont fait part de leurs grandes préoccupations à la ministre de l’Enseignement supérieur Pascale Déry, en enjoignant le gouvernement du Québec à reconsidérer ses décisions et à soutenir la mission des Cégeps tout en tenant compte des besoins urgents de notre région, évitant ainsi que se creusent davantage les écarts déjà préoccupants et reconnus par l’Assemblée nationale.
Le Cégep prépare un Plan de transformation organisationnelle et de consolidation budgétaire 2026-2028, en réponse à la situation financière. Ce plan comprendra des mesures d’optimisation et de rationalisation qui affecteront inévitablement les services aux étudiant.e.s, y compris pour ceux qui en ont le plus besoin.
Des besoins en accommodement éducatif qui montent en flèche
En effet, de 2014 à 2024, le nombre de personnes étudiantes détenant un Plan d’intervention (PI) en raison de leurs besoins d’accommodements est passé de 456 à 1270, une augmentation de 178 % en 10 ans, passant d’une proportion de 8 % de l’effectif total à 21,5 %. En cette rentrée scolaire 2025-2026, le nombre d’étudiant.e.s nouvellement admis nécessitant un PI a augmenté d’au moins 18 %, ce qui nous laisse présager que le nombre total d’étudiant.e.s à besoins particuliers pourrait bondir à plus de 1500, toutes proportions gardées. C’est donc 1 étudiant.e sur 4 qui bénéficie de ces accommodements qui sera directement affecté par les compressions budgétaires, sans compter l’impact sur les autres services et programmes essentiels à la réussite éducative de l’ensemble de la communauté étudiante.
*Erratum: La date correcte est 2023-2024 et non 2024-2025.